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Différences de culture

FOSSÉ-SUR-TERRE, LE 15 FÉVRIER

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« Alors, tu viens d'arriver chez nous ? Tu es de quelle région ? » Martial affrontait la salve de questions de François, avec lequel il était attablé devant une tasse de café. « Oui, je suis conseiller commercial depuis un mois. Je suis originaire de la Vendée. » La quarantaine, François, à la tête d'une exploitation de 150 ha de grandes cultures et de pommes de terre, leva un sourcil. « Oh ! mais c'est loin de chez nous ! Tes parents sont cultivateurs ? »

Le jeune technico-commercial de 23 ans commença à se tortiller sur sa chaise, gêné par cet interrogatoire en règle. Il venait de débarquer dans ce secteur de Picardie après six mois de recherche d'emploi. Se prédestinant plutôt à du conseil en gestion, il avait fini par prendre ce poste pour lequel son expérience de quelques mois chez un distributeur agricole avait fait pencher la balance en sa faveur. « Euh, non, mes parents n'ont pas d'exploitation. Mais bon, j'ai fait plusieurs stages en ferme déjà. Et puis, j'ai bossé dans la coop de mon coin comme assistant agronomique. »

« Allez, viens, je vais te montrer quelque chose », lui lance François.

« Tiens, tu vois là cette partie de la parcelle a du mal à ressuyer l'hiver. Je ne sais plus quoi faire pour la désherber dans de bonnes conditions. C'est bourré de folle-avoine et de vulpin. » Perplexe, Martial scrutait le mélange argilo-limoneux qui supportait une culture de blé. En effet, entre les rangs bien ordonnés, des plantes faisaient mauvais effet. François l'observait du coin de l'oeil, imposant par sa haute stature. « Tu en penses quoi, alors ? »

Accroupi entre deux rangs, le jeune TC déracina délicatement une des plantules indésirables. « Par chez moi, on utilise souvent le Vulpinator. Ça marche bien en général. » Il entendit un rire moqueur à côté de lui. Et une réponse fusa. « Chez toi oui, mais pas chez nous. J'ai déjà essayé. Nada. Ça résiste par chez nous. » Martial se releva, embarrassé. « Je vais me renseigner auprès de notre responsable agronomique et je vous donne la réponse dans la journée. »

D'un oeil circonspect, François le dévisageait. « Va falloir que tu te mettes mieux au courant des pratiques du coin ! » La mine renfrognée, Martial rejoignit le véhicule de l'agriculteur, commençant à regretter d'être venu dans cette contrée.

Hélène Laurandel

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